Invitation aux rêveries vers de lointains horizons, le cabinet de curiosités regroupe depuis la Renaissance en Europe des objets rares ou étranges, provenant du monde animal, végétal et minéral ainsi que des réalisations humaines.
Ce tableau "Le cabinet de curiosités" de Johann Georg Hinz, peint vers 1666, que l'on pouvait voir à l'exposition Brukenthal au Musée Jacquemart-André en est une remarquable illustration.
Réalisé en peinture en trompe l'oeil, le peintre regroupe, sur un fond noir et un format très géométrique, des objets très divers et sans hiérarchie, c'est-à-dire à la fois des richesses de la nature et des créations de l'homme : notamment des pierres précieuses (plusieurs colliers de perles), de multiples coquillages (dont coquilles de nautile), des coraux, deux pistolets, une mappemonde, deux horloges, un coffre précieux en marqueterie, une aiguière et deux autres objets en ivoire. Le rendu des matières (bois, aspect nacré des coquillages et de l'ivoire, marqueterie, métal...) est particulièrement impressionnant dans ce tableau de grand format, ainsi que la composition savamment étudiée des couleurs (rouge qui forme un triangle, blanc concentré au milieu sur un fond uniformément noir) ; de même que le reflet de la lumière.
"Le succès rencontré par ces cabinets explique leur multiplication. On y retrouve les mêmes assemblages et non la reproduction fidèle d'un cabinet donné" (1) ; c'est le cas du tableau commandé par le roi du Danemark qui fait pendant à celui-ci.
Et à chaque fois, la présence d'un crâne dans la composition, nous rappelle que nous sommes simples mortels, "tempus fugit" (2) ...
(1) Extrait du catalogue de l'exposition Brukenthal, p. 158
(2) A noter une exposition sur ce thème "C'est la vie ! Vanités de Caravage à Damien Hirst" au Musée Maillol à Paris du 3 février au 28 juin 2010
Si seulement une de ces boîtes pouvait abriter et protéger les vingt-un grammes que pèse, dit-on, l'âme des hommes...
Rédigé par : Paul | 22 janvier 2010 à 16:06
Merci, chère Myriam, pour la présentation de ce tableau, à laquelle je ne vois pas grand chose à ajouter, tant elle me semble complète. Le français nomme très mal ce type de tableau, qu'il appelle "nature morte", quand, la plupart du temps, il y règne seulement une "vie silencieuse", comme le disent plus justement l'allemand ou l'anglais. Si le crâne nous rappelle que toute chose est vouée à la destruction, le fait d'immortaliser ainsi les objets, mais aussi, ailleurs, les plantes ou les fruits, n'est-il pas une façon de leur assurer une certaine pérennité, en dépit du support fragile de la toile ou du panneau de bois ? Fascinante mise en abîme dans laquelle vie et mort se livrent un inlassable combat.
Bien amicalement.
Rédigé par : Jean-Christophe Pucek | 24 janvier 2010 à 11:46
...en guise de sépulture et en quête d'éternité...
Rédigé par : myriam | 25 janvier 2010 à 13:37
Merci cher Jean-Christophe n'est-ce pas finalement le cas de toute œuvre d'art qui vise à l'immortalité, même si le genre "nature morte" est la révélation la plus probante de la "fascinante mise en abîme dans laquelle vie et mort se livrent un inlassable combat" comme vous le faites si justement remarquer.
Bien amicalement.
Rédigé par : myriam | 25 janvier 2010 à 13:46