Si vous êtes de passage à Paris, il est encore temps de visiter l'exposition "Vers de nouveaux rivages : l'avant-garde russe dans la collection Costakis" au Musée Maillol qui vient d'être prolongée jusqu'au 23 mars. Cette exposition a le mérite de présenter, pour la première fois en France, un véritable panorama de la peinture russe au début du vingtième siècle. Cette collection a été rassemblée par Georges Costakis, un chauffeur employé d'ambassade, avec des moyens modestes, qui s'est pris de passion dans les années 1950-1960 pour ces peintures d'artistes exclusivement restés en Russie et qui étaient politiquement encombrantes !
Au début du vingtième siècle, les artistes russes voyagent en Europe, notamment à Paris, et dans les premières œuvres exposées, on note l'influence évidente du fauvisme ou du primitivisme. Par exemple, dans ce visage de femme "Portrait", peint par Malévitch vers 1910 (© Musée national d’art contemporain-Collection Costakis, Thessalonique), nous avons l'impression d'être devant un visage à la Gauguin, avec l'arbitraire des couleurs (ombre vert-jaune) et une image simplifiée, sans modelé. De même, la "Nature morte", peinte en 1907-1908, par l'artiste femme Lioubov Popova, fait vraiment penser à Cézanne par la multiplication des points de vue de la table, à Bonnard par le fouillis des couleurs utilisées et je n'ai pas pu m'empêcher de penser au tableau de Matisse, Poissons rouges, peint postérieurement en 1912 ...
A partir des années 1910, l'art abstrait se développe en Russie. "Dès les débuts du cubisme, des artistes russes en reprennent la fragmentation des formes, en gardant des éléments et en introduisant des nouveaux" (notamment les couleurs ce qui change du noir/gris/beige utilisé jusque là).
Mais ces artistes veulent encore aller plus loin. En effet, comment dans un monde moderne, où l'on connait désormais la photographie, le cinéma, où l'on découvre les atomes et les molécules, peut-on encore représenter des images statiques ? Inspirés par le futurisme italien, certains d'entre eux comme Ivan Klioune (Ivan Koudriachov, ou Lioubov Popova...) vont faire entrer le mouvement dans la peinture en créant des œuvres qui représentent des formes géométriques colorées en mouvement, c'est "le cubo-futurisme". Ainsi dans cette œuvre d'Ivan Klioune, Sans titre, une gouache et aquarelle sur papier, exécutée en 1921-1922, nous voyons une succession de figures géométriques juxtaposées ce qui anime les différents plans dans l'espace du tableau, avec des droites qui selon les cas transpercent ou ne transpercent pas ces plans.
A suivre ...
Tu parles du fauvisme... Quand j'ai visité le musée Matisse (fin septembre 2008) à Le Cateau-Cambrésis, il y avait une exposition des "fauves Hongrois"... C'était magnifique! (Je n'ai pas retenu les noms... j'ai dû malheureusement traverser en vitesse... le car attendait...)
Pour en revenir à l'avant-garde russe, je suis hypnotisée par les formes superposées de l'œuvre de Klioune...
Rédigé par : Tilleul | 15 mars 2009 à 00:41
Oui, nous aussi ! Même si maintenant notre œil avec tous les moyens techniques et visuels dont nous disposons (informatique, modélisation en 3D, images de synthèse, ...) trouve cela presque normal. A l'époque, c'était révolutionnaire !
Rédigé par : Laëtitia Delaide | 15 mars 2009 à 10:07