Décidément, je suis encore sous le charme de l'exposition de "Picasso et les Maîtres" ! Aujourd'hui, je voudrais simplement vous présenter cette toile, "Le Garçon conduisant un cheval", qui y était exposée et que j'ai trouvée splendide.
Peinte vers 1905-1906, elle est en plein dans la période des œuvres considérées comme "les plus pures et les plus charmantes de Picasso" (Lael Wertenbaker, Picasso et son temps, Éditions Time-Life). Certes, son grand format vertical (220,6 sur 131,2 cm) accapare l'attention, mais indépendamment de sa taille, elle suscite une véritable fascination.
Sur un fond de ciel gris et une terre monochrome sablonneuse, la composition est traitée en opposition binaire, avec le cheval gris qui se détache de la terre argileuse, et avec le jeune garçon qui a lui-même la couleur de la terre - bruns légers et ocres - alors que le cheval a la couleur du ciel. Cette dichotomie est d'ailleurs renforcée par la position de l'horizon (délimitant le tiers haut du tableau) placée au niveau de l'encolure du cheval et de la tête du jeune garçon.
Si certains trouvent le visage du jeune garçon peu expressif, voire maussade, ou "empreint de cette tristesse dont sont marqués les personnages de la période bleue, - tristesse qui exprime la misère des pauvres", on ne peut être que frappé par la complicité, l'osmose qui se dégagent entre ce garçon et ce cheval, symboliquement représentées par l'absence du licol, alors que tous les deux sont, en mouvement, vers la même direction.
Ah oui, je connais ce tableau (je l'aurai vu à Orsay, non ?).
Je le vois comme une petite blague de la part de Picasso, un peu "Equus homo" au lieu de "ecce homo" (regarde le chevalhomme).
Je dis cela parce que la seule chose qui distingue les deux est leur forme, et même là, les épaules du garçon (c'est un ado, pas un homme) ne sont pas plus larges que celles du cheval. Sinon, la couleur de leur peau, le regard, même la position de chaque tête, chacun est l'écho de l'autre.
Rédigé par : joye | 19 février 2009 à 15:57
Voilà un Picasso comme je les aime... au début de sa carrière, il avait beaucoup de talent... Rien à voir avec ce qu'il a peint plus tard...
Rédigé par : Tilleul | 19 février 2009 à 17:15
Joye, tu as dû voir ce tableau au MoMA ! "Equus homo" je n'y avais pas pensé ...
Merci pour ton commentaire qui cette fois-ci est bien arrivé !
;-)
Rédigé par : myriam | 19 février 2009 à 17:30
Oui, Tilleul, mais je crois que ce n'était pas assez révolutionnaire pour lui ...
Rédigé par : myriam | 19 février 2009 à 17:36
Plus je le regarde, plus il me fascine... ce tableau est extraordinaire, à la fois mélancolique et puissant. Sublime!
Rédigé par : alix | 23 février 2009 à 01:21
Oui, ce tableau est vraiment fascinant ...
Rédigé par : Laëtitia Delaide | 23 février 2009 à 22:22
Très beau tableau effectivement, que je trouve d'une très grande poésie. Je ne vais pas revenir sur ce que vous en dites si justement, mais le détail qui me frappe le plus est l'absence ou, du moins à mes yeux, l'invisibilité du licol qui relie le garçon et le cheval, et dans lequel je lis la même affirmation que celle que posent les correspondances des couleurs, celle du lien entre animalité et humanité qui pour n'être pas évidente n'en est pas moins réelle. Qu'en pensez-vous ?
Rédigé par : jardinbaroque | 03 mars 2009 à 16:28
Effectivement cette toile est hautement symbolique, et ce à plus d'un titre. Elle montre, malgré la dualité qui existe entre l'homme et le cheval, le lien étroit qui les unit depuis des siècles : "les contours aux traits noirs situent dans l’espace flou les personnages qui ne font qu’un". Elle montre par la correspondance des couleurs la symbiose, comme vous le dites si bien, entre l'animalité et l'humanité, entre le corps et l'esprit, entre le ciel et la terre ...
Rédigé par : Laëtitia Delaide | 03 mars 2009 à 21:57