Il vous reste encore quelques jours pour profiter de l'exposition "Picasso et les Maîtres" qui va fermer ses portes le 2 février 2009.
Visible sous la forme d'un triptyque, c'est-à-dire au Grand Palais pour la majorité des œuvres présentées, au musée du Louvre autour des Femmes d'Alger de Delacroix et au Musée d'Orsay autour du déjeuner sur l'herbe de Manet, cette exposition est unique puisqu'elle permet non seulement de découvrir l'ensemble de l'œuvre de Picasso de son plus jeune âge jusqu'à la fin de sa vie, mais également de montrer le dialogue constant qu'il a mené avec les grands maîtres de la peinture comme Greco, Vélasquez, Goya, Zurbaran, Poussin, Le Nain, Chardin, David, Ingres, Delacroix, Manet, Courbet, Lautrec, Degas, Puvis de Chavannes, Cézanne, Renoir, Gauguin, Douanier Rousseau, Titien, Cranach, Rembrandt, Van Gogh ... Et, à cette occasion, nous avons la possibilité de voir ou de revoir des chefs d'œuvre comme le "Saint François d'Assise dans sa tombe" de Zurbaran, comme "L'enlèvement des Sabines" de Poussin, comme l'"Odalisque en grisaille" d'Ingres ...
En effet, jusque là, je n'avais vu les toiles de Picasso que par bribe, au musée national Picasso par exemple, ou lors de mes visites dans les musées ou à l'occasion d'autres expositions, ou encore en feuilletant le catalogue de l'exposition Matisse-Picasso, mais finalement je crois que je ne les avais pas vraiment vus parce que lorsque je les ai découvertes pour la première fois, j'étais jeune, il me manquait le contexte et la connaissance de nombreuses œuvres que j'ai pu découvrir par la suite, et toute la construction finalement très classique par laquelle est passée ce très grand peintre du XXème siècle.
Quels tableaux vous montrer ici ? Cette exposition est tellement dense qu'essayer de la résumer en quelques tableaux ressemble fort à un casse-tête ! Pourtant, je vais essayer de vous emmener un peu à la rencontre de certaines des toiles que j'ai pu admirer ...
Ce qui frappe tout de suite c'est le don inouï de Picasso dès son plus jeune âge, il savait tout faire, un tableau selon Le Greco, c'est "Le Vieux Juif", en 1903, un tableau selon Le Nain, c'est un tableau réinterprété façon pointilliste "Le Retour du baptême", en 1917, un tableau selon Puvis de Chavannes, c'est "Le Harem", en 1906 et l'on pourrait ainsi multiplier les exemples. Mais, en même temps, on a l'impression qu'il se cherche, qu'il cherche son propre style en avançant dans différentes directions.
Par exemple dans la représentation des femmes, il peut peindre à la fois cette toile "Grand nu debout" Gosol, en 1906 (huile sur toile, MoMA, New-York) où une fine silhouette de femme ocre, à la nudité à peine suggérée, se détache sur un fond de sanguine rouge et se raccroche pour moi indéniablement à des racines lointaines, à des racines africaines.
Plus tard, il peut peindre cette "Grande Baigneuse", en 1921 (huile sur toile, musée de l'Orangerie, Paris, collection Jean Walter et Paul Guillaume) au corps monolithique, massif qui occupe presque tout l'espace du tableau. La tête, petite, apparaît totalement disproportionnée par rapport à la lourde musculature, aux bras et aux jambes puissants et au torse digne d'un colosse.
"L'œuvre appartient à une série de nus monumentaux réalisés par Picasso à partir des années 20 et rattachés à sa période dite néo-classique. Ces nus, par le thème même, le retour à la perspective et au modelé traditionnel, évoquent la statuaire antique et certaines sources picturales classiques.
Cependant, avec ces femmes-colosses aux membres
amplifiés jusqu'à l'énorme, Picasso s'éloigne d'un pur classicisme pour
une esthétique plus primitive, aux sources variées" (notice du musée de l'Orangerie).
Et plus tard encore, en 1923, il peut peindre "Olga" (huile sur toile, collection particulière) ce superbe portrait de femme, en camaïeu de bruns, non seulement pour le fond du tableau, mais également pour les vêtements, le fauteuil, et surtout le visage et les mains, une prouesse ...
Mais tout cela reste encore de facture très classique.
A suivre ...
Je suis heureuse de découvrir Picasso dans ses débuts... C'est vrai qu'il sait tout faire!!
Je me suis attardée aussi sur les toiles de l'exposition Picasso Matisse... (en octobre je suis allée visiter le musée Matisse au Cateau Cambresis et j'avais été un peu déçue par la plupart des œuvres de Matisse que ce musée possède... sauf les dessins au crayon dans les caves...)
J'attends la suite de Picasso avec impatience!
Rédigé par : Tilleul | 24 janvier 2009 à 17:23
Merci Tilleul pour ton commentaire !
Je ne connais pas le musée Matisse du Cateau Cambresis, ni même le musée Matisse de Nice, mais j'ai visité la chapelle du rosaire de Vence qui est superbe http://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_du_Rosaire_de_Vence et encore http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.linternaute.com/voyage/image_cache/objdbvoyage/image/540/68561.jpg&imgrefurl=http://www.linternaute.com/voyage/france/provence-alpes-cote-d-azur/vence/la-chapelle-du-rosaire/liste-photo/impression/&usg=__o_5CvKcYgr3pJ-0WewWaoCBziow=&h=340&w=550&sz=166&hl=fr&start=31&sig2=KXZVGyShfsdjMw-k1C1RtA&um=1&tbnid=WsZYEjdVI-MXYM:&tbnh=82&tbnw=133&ei=5017SdrTBYnGjAe9jbGeAQ&prev=/images%3Fq%3Dchapelle%2Bdu%2Brosaire%2Bde%2Bvence%26start%3D18%26ndsp%3D18%26um%3D1%26hl%3Dfr%26client%3Dfirefox-a%26rls%3Dorg.mozilla:fr:official%26sa%3DN
Rédigé par : Laëtitia Delaide | 24 janvier 2009 à 18:22
autant je ressens les prémices de ce que peindra plus tard Picasso dans les 3 premiers tableaux présentés : les 2 premiers pour la couleur, la Grande baigneuse pour les formes
mais alors je suis assez stupéfaite du tableau "Olga" : tant par sa retenue que par sa sobriété, je dirais presque son austérité
Rédigé par : Tisseuse | 24 janvier 2009 à 18:37
C'est vrai que ce tableau a un côté comme tu le dis, Tisseuse, austère ... Il est en droite ligne avec le "Portrait de Madame de Senonnes", peint par Ingres en 1814 http://quid.notrefamille.com/collection-privee/oeuvres/Portrait+de+Mme+de+Senonnes/6HAD3S/CDFC4406-E9B4-471C-B225-A521328E80A0/00-012868.jpg
Rédigé par : Laëtitia Delaide | 24 janvier 2009 à 19:14
Merci pour ce lien... Dans le musée du Cateau, il y a une maquette de cette chapelle... Les vitraux sont splendides, la croix aussi, mais le mur avec la Vierge et l'enfant est un peu trop "sobre" à mon gout...
Bon dimanche Myriam et Philippe!
Rédigé par : Tilleul | 24 janvier 2009 à 23:19
Merci Tilleul, nous en sommes ravis et bon dimanche à toi également !
Rédigé par : Laëtitia Delaide | 25 janvier 2009 à 12:31
j'ai réalisé cet été seulement combien Picasso avait peint, et sous combien de "formes" différentes, en visitant le musée Picasso de Barcelone
mais je n'avais encore rien vu de la facture d'Olga, ce tableau est splendide, un mot me vient : élégance
;)
Rédigé par : mariev | 25 janvier 2009 à 12:34
Bonjour mariev, Picasso a peint d'autres tableaux de la facture d'Olga, et nous vous réservons d'autres découvertes au fil de nos futures notes.
As-tu lu notre note "Une tendresse bienvaillante" du 18/12/08 ? je trouve qu'il y a cette même élégance dans son tableau "L'entretien" peint d'ailleurs la même année ...
Rédigé par : Laëtitia Delaide | 25 janvier 2009 à 14:33
Moi, je savais qu'il savait tout faire avant d'entamer son exploration du cubisme. Toutefois, ton (votre) texte se lit merveilleusement, cela fait très plaisir.
Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à l'injustice de ce grand boys' club où ne figure aucune femme. Je pense aussi à la famille de Gauguin, abandonnée, aux femmes qui vivaient dans l'ombre de ses hommes, à leur laver les socquettes, ainsi qu'à des femmes comme Camille Claudel, elles aussi artistes, mais méprisées ou ignorées par le public, vivant aux ombres de ces hommes.
C'est incongru : que le grand art qui existe pour tout le monde, égalitaire, libérant, mais aussi exclusif au masculin.
;-)
Rédigé par : joye | 25 janvier 2009 à 15:19
Merci pour le compliment Joye !
Si ! Si ! Il y a quand même des femmes dont les noms sont connus comme Elisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Berthe Morisot (1841-1895), Mary Cassatt (1843-1926), Camille Claudel (1864-1943), Sonia Delaunay (1885-1979), Niki de Saint Phalle (1930-2002), Helen Frankenthaler (1928) mais c'est vrai qu'assez souvent elles sont en retrait, peut être moins maintenant qu'à la fin du dix-neuvième ou au début du vingtième siècle !
Un article sur la place de la femme dans l'art (http://fr.wikipedia.org/wiki/Place_des_femmes_dans_l%27art) et tu peux aller voir le blog "Figuration féminine" dans nos liens.
Rédigé par : Laëtitia Delaide | 25 janvier 2009 à 16:15