C'est très récemment, en début d'année, à l'occasion de l'exposition "Vlaminck : un instinct fauve", au musée du Luxembourg à Paris, que j'ai fait la connaissance des toiles de Maurice de Vlaminck et de leurs couleurs pures, intenses, du moins pour ses toiles peintes pendant sa période fauve (essentiellement de 1900 à 1907).
Déjà, quelques années auparavant, Gauguin et Van Gogh avaient oser utiliser de la couleur comme jamais, mais ce n'est rien à côté des libertés que prend Vlaminck (et d'autres fauves comme André Derain, voir son "Paysage de neige à Chatou", 1905).
Grands aplats (chantournés à la manière de Van Gogh) ou, au contraire, couches épaisses de peinture, les toiles de Vlaminck sont foisonnantes de couleur et peu importe de savoir si cela traduit la réalité ou non. L'important est de traduire une impression spontanée, instinctive : la terre est rouge, jaune, orange ("Paysage de la vallée de la Seine", 1905, ci-contre ou encore "Le Verger", 1906, ci-dessous), les arbres sont rouge ou bleu (voir "Les ramasseurs de pommes de terre", 1905, note du blog "Le fauve et le ciseleur" ou "Les coteaux à la Malmaison", 1907), les péniches en bord de Seine sont rouge ("Chaland sur la Seine au Pecq", 1906, ci-dessous).
Ce sont les couleurs pures et utilisées sans partage qui vont restituer les formes et donner de la lumière aux toiles ; "c'est par elles que sera construit l'espace pictural, et la toile apparaîtra, à l'issue d'une activité de synthèse, comme un certain ordre de leur concentration.
Mais la couleur pure n'est pas seulement la matière essentielle - presque unique - du peintre : elle est aussi expression et mode d'expression."
Il réside une intensité et une force inhabituelles dans ces oeuvres, qui étaient fort bien mises en valeur dans les premières salles de cette exposition. Et, un instant, je me suis imaginée au plus près des entrailles de la terre, près du jaillissement de la lave ...
Bonsoir Myriam et Philippe,
Même si cette peinture n'est pas celle que je goûte le plus, force est de reconnaître qu'elle possède une force de conviction absolument fascinante. Il y a, alors que les paysages s'y prêtent généralement assez peu, une dimension à la fois violente et charnelle presque terrifiante dans ces toiles dominées par le rouge. Vous évoquiez très justement la lave qui jaillit des entrailles de la terre, je pense également au sang qui jaillit des entrailles, comme si la peau de la terre avait dû être tranchée pour qu'en surgissent des formes qui, par leur couleur, portent irrémédiablement la trace de cette opération.
Bien cordialement.
Rédigé par : jardinbaroque | 13 octobre 2008 à 20:56
Cher Jardin Baroque, nous sommes ravis d'avoir pu vous emmener sur quelques sentiers un peu sauvages. Effectivement, comme vous le soulignez, il y a dans ces oeuvres, pourtant de paysage, une vitalité incroyable et une dimension quasi charnelle.
Rédigé par : Myriam et Philippe | 14 octobre 2008 à 14:49
Bonjour (je viens de chez Joye)
je vous livre une anecdote.
L'instituteur d'une de mes filles, alors en CE2, me confiait (j'étais jeune) qu'une année où il avait enseigné à Rueil-La Gadelière il s'était trouvé invité chez deux charmantes dames du village et qu'il avait bien aperçu quelques croûtes accrochées au mur. Il ignorait que Vlaminck avait terminé sa vie dans ce petit village et que ses filles y étaient restées. Il faut dire, à sa décharge, que la palette dudit Vlaminck s'était fort assombrie au fil du temps.
Rédigé par : papistache | 14 octobre 2008 à 20:27
Merci pour cette anecdote.
Rédigé par : Myriam et Philippe | 14 octobre 2008 à 22:00